Du 27 avril au 4 juin 2022
Vernissage : Samedi 30 avril, de 15h à 18h
Renée Condo : Sisip-Sipu
Galerie Laroche/Joncas
Espace satellite organisé par Galerie Laroche/Joncas
La Biennale d’art contemporain autochtone (BACA) – 6ème édition
Galerie Laroche/Joncas
372 Ste-Catherine O. #410
Montréal, QC H3B 1A2
L’été de ma 12e année, j’ai commencé et arrêté la pluie à volonté. Je l’ai fait à de nombreuses reprises, et à chaque fois que j’en ai fait la demande, le ciel s’est conformé. Je ne dirais pas que j’ai été surprise. J’avais une telle confiance à cet âge. Mais je me sentais reconnaissante et ravie. J’étais souvent en présence de mon meilleur ami d’enfance. J’ai testé mes capacités par une journée ensoleillée, un ciel dégagé, et j’ai pu faire entrer la pluie. Après ma 12e année, je n’ai plus jamais essayé d’appeler la pluie. J’avais peur de ne pas pouvoir recréer le phénomène, ce qui signifierait qu’il ne s’est jamais vraiment produit.
Il y a quatre ou cinq ans, alors que je travaillais dans le vieux port de Montréal, j’ai rencontré une situation où je me sentais suffisamment en confiance pour tester ce pouvoir une fois de plus. Je me sentais en confiance parce que j’avais une bonne relation avec mon collègue Patrick. Je me sentais suffisamment en confiance pour accepter l’échec. Ce matin-là, je me suis fait conduire au travail avec une grande toile que je devais apporter à l’école en début d’après-midi ; j’étais aussi étudiante. Il s’est mis à pleuvoir abondamment, et lorsque nous avons regardé les prévisions météorologiques pour la journée, il s’agissait de fortes pluies à 100%, heure après heure, jusque tard dans la soirée. Patrick m’a taquiné sur ma situation. Comme l’humeur était joueuse, je lui ai dit : « Ah ouais, quand j’avais 12 ans, j’ai arrêté et j’ai commencé la pluie à volonté ». J’ai raconté l’histoire d’une manière qui laissait entendre qu’il devait s’agir d’une coïncidence particulière, d’une anomalie. Cette idée nous a fait rire tous les deux. Et puis il m’a lancé un défi : « Ok Renée, arrêtez la pluie ! » Comme cela semblait si improbable, et que je sentais qu’il n’y aurait pas de réelle attente que je l’arrête, j’ai décidé d’essayer. Je me suis placée devant la grande fenêtre et j’ai lancé ma demande. J’ai répété la demande plusieurs fois entre deux appels, Patrick me rappelant en cours de route que le résultat ne s’annonçait pas bien. Juste avant 13 heures, alors que je quittais le travail, j’ai ri avec Patrick en regardant dehors la pluie, ou plutôt la non-pluie. Elle s’était arrêtée, laissant place à une brume dense. Il n’en revenait pas. Je me suis rendu à l’école sous la pluie interrompue, et quelques minutes après être entré dans ma destination, la pluie a commencé à tomber à verse. J’ai envoyé un message à Patrick pour lui dire que j’avais réussi et que la pluie avait recommencé. Je ne sais toujours pas ce qu’il pense vraiment de cet incident. Je me suis sentie reconnaissante. Je n’ai pas fait d’autre demande depuis.