Du 23 avril au 29 août 2020
La Biennale d’art contemporain autochtone (BACA), 5e édition
Kahwatsiretátie : Teionkwariwaienna Tekariwaiennawahkòntie
Honorer nos affinités
Sous le commissariat de David Garneau (Métis) assisté de rudi aker (Wolastoqiyik) et de Faye Mullen.

Weaving Cultural Identities: Threads Through Time.
Artistes : Angela George (Squamish and Tsleil Waututh), Chepximiya Siyam’ Chief Janice George (Squamish) and Skwetsimeltxw Willard ‘Buddy’ Joseph (Squamish), Debra Sparrow (Musqueam), Doaa Jamal, Efemeral, Krista Point (Musqueam), Mary Lou Trinkwon, Robyn Sparrow (Musqueam), Ruth Scheuing

L’œuvre Weaving Cultural Identities: Threads Through Time de la Biennale de Vancouver est exposée à Montréal à la galerie Art Mûr dans le cadre de la Biennale d’art contemporain autochtone (BACA) 2020. L’installation comprend 5 grands tissages réalisés par des tisserands Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh, encadrés d’un tissage Jacquart dont la bordure présente un poème du poète musulman Efemeral. L’installation sera exposée jusqu’au 30 août 2020.

En continuation de la première phase du projet Weaving Cultural Identities, le projet Weaving Cultural Identities: Threads Through Time a invité des tisserands autochtones et d’origines multi-ethniques à engager une conversation autour du thème de la colonisation et des délimitations subséquentes des terres non cédées.

À travers ces réflexions, les tisserands ont créé 5 tissages individuels, se reconnectant à leur expérience du territoire et aux voix de leurs ancêtres. Inspirés de ce dialogue et pour honorer ces expériences de vie, une équipe de tisserands Jacquart et une designer ont créé une large pièce pour contenir les 5 tissages, formant un tapis de 31 par 5 pieds. Sur sa bordure, un poème en Arabe reflète la reconnaissance et le respect des tisserands face à l’expérience des migrants musulmans.

Ils ont été exilés de leurs mosquées
Et dans leurs mosquées, martyrisés
Donc, dans l’étendue de leur exil et de leur martyre
Ils ont construit une mosquée

– Efemeral

Le projet multipartite Weaving Cultural Identities de la Biennale de Vancouver rassemble les communautés autochtones et islamiques dans une exploration collaborative des traditions de tissages et de leur histoire. Le projet s’est inspiré de l’installation de l’artiste saoudien Aslan Gharem, Paradise Has Many Gates, une mosquée en mailles de chaînes installée à Sen̓ áḵw dans le Parc Vanier, dans le cadre de l’édition 2018-2020 de la Biennale, sous le thème re-IMAGE-n. En réimaginant la perte d’identité, des rituels et des traditions à travers le déplacement, nous pouvons aspirer à réintroduire des pratiques qui permettent la guérison spirituelle et la restauration culturelle.

Démarche

Ce poème d’Efemeral, un jeune poète musulman, borde la tapisserie de 31 x 15 pieds qui encadre les cinq riches œuvres tissées par les artisans Salish de la côte de Threads Through Time. Ces mots font écho à la profondeur et à la résilience de la foi et de la tradition face à l’oppression, étayées par l’expérience de l’exil, du retour et de la reconstruction. Son verset peut être répété comme le rythme cyclique de l’histoire.

Partout dans le monde, les traditions textiles ont été un vecteur de conservation et de transfert des connaissances ‒ une forme de documentation du présent en regardant vers le passé et en façonnant l’avenir. Les textiles sont intrinsèquement liés à la création, aux soins, et servent à démarquer l’espace sacré et spirituel, que ce soit à travers des tapis de prière, des tapisseries, des tissages, des châles, des couvertures, des robes ou des régalias. Le tissage est également un symbole universel de soins et de protection, gardant celui qui le porte au chaud et protégé.

Ce projet a été créé en réponse à Paradise Has Many Gates, une installation d’art public de l’artiste saoudien Ajlan Gharem réalisée dans le cadre de la Biennale de Vancouver 2018-2020. Paradise Has Many Gates prend la forme d’une mosquée ajourée, située dans le parc Vanier, devant le pittoresque front de mer de Vancouver. La ville de Vancouver est située sur les territoires ancestraux traditionnels non cédés des nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh. Jusqu’en 1913, le site même de l’installation était un village squamish appelé Sen̓áḵw, dont les habitants ont été chassés, et leurs maisons incendiées pour faire place à la création du parc et à l’expansion de l’étalement urbain de Vancouver.

Threads Through Time a été conçu pour aborder cette histoire de déplacements et le rôle de la spiritualité et du dialogue dans les différentes cultures : à l’origine, l’œuvre a été réalisée pour couvrir le sol de l’installation publique Paradise Has Many Gates, qui apparaît comme une représentation énigmatique et éphémère d’une structure religieuse placée sur des terres non cédées. Sa construction provisoire en forme de cage est à la fois rassurante et inquiétante: le bâtiment semble importun, comme un mirage ou un souvenir. Bien que son architecture offre un moment de répit spirituel et un sentiment d’appartenance aux nombreux peuples déplacés, de confession islamique, vivant à Vancouver, c’est en même temps un retour sur la violence et les restrictions infligées au nom de la religion et de l’expansion coloniale.

Les connaissances, les techniques et les matériaux des tissages des Salish de la côte avaient été annihilés par la violence coloniale pendant des générations. Angela George, Chef Janice George et Buddy Joseph, Krista Point, Debra Sparrow et Robyn Sparrow ‒ les six artistes qui ont collaboré sur cette œuvre ‒ ont tous contribué à restaurer le tissage traditionnel, à l’aide de recherches dans les collections de musées du monde entier, en consultant les aînés, en se renseignant sur les techniques, sur les motifs et les modèles, et ainsi réintroduire ces traditions aujourd’hui pour les transmettre aux générations futures.

C’est la première fois en 200 ans que ces trois nations collaborent ainsi, et l’ouvrage monumental de tissage qui en résulte est une puissante déclaration de renouveau culturel et une véritable célébration de la force du dialogue. Pour les artistes, le processus de tissage constitue un lien direct avec leurs ancêtres, à travers les motifs, les couleurs, les teintures, la fibre et la technique. Cette œuvre d’art collective a fourni de support pour tenir des conversations difficiles, tout en offrant une opportunité d’apprendre sur l’Autre et de faire face à des siècles d’oppression. Ce projet est une expression visuelle des dialogues entourant la réconciliation, le partage et la célébration des connaissances culturelles, du symbolisme et de l’auto-identification.

À travers des réflexions sur les façons dont la terre a été colonisée, partagée et délimitée, les cinq artisans ont chacun créé un panneau individuel et unique de 8 pieds sur 4 pieds. Inspirés par cette conversation et honorant ces expériences, les tisserands Ruth Scheuing et Mary Lou Trinkwon, en collaboration avec la designer musulmane Doaa Jamal, ont créé une monumentale bordure en jacquard qui maintiendra les panneaux ensemble pour former une tapisserie de 31 par 15 pieds, agissant à la fois comme un symbole et une documentation de cet échange. Tandis que ce projet parcourt le Canada et d’autres pays, Threads Through Time propose une méthodologie et une métaphore pour rassembler les communautés grâce aux connaissances traditionnelles et servir de catalyseur pour résoudre les questions d’appartenance culturelle, de déplacement, de diaspora et de territoire.

http://www.vancouverbiennale.com/